Comment le pire et meilleur jour de ma vie ne font qu’un

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Photo : Mélanie Gasmi @studio.pom

Aujourd’hui, quand on me demande de raconter mon histoire, mon parcours, ou simplement quand je dois répondre à la question « Qui es-tu ? » je ne commence pas par mon enfance, ou par mon travail actuel. Quand je dois raconter mon histoire, je commence par l’évènement le plus marquant, celui qui a changé le cours de ma vie, celui qui m’a réveillée.

Un lundi matin, avant d’aller travailler, celui avec qui je partageais ma vie, que j’allais épouser, avec qui je pensais un jour fonder une famille, m’a brusquement annoncé qu’il me quittait. Sans me donner de raison, avec froideur et sans possibilité de discuter. En l’espace d’une seconde, mon monde entier s’est écroulé. Tout ce que je pensais être vrai, tout ce en quoi je croyais s’est évaporé. J’ai eu des difficultés à respirer durant toute une semaine, l’incompréhension me rongeait, la douleur me paralysait et j’ai cru un soir, que j’allais y rester. Comment l’homme que je croyais être la personne sur qui je pourrais toujours compter avait pu me jeter comme ça, du jour au lendemain ? Sans aucun signe annonciateur ? Du moins c’est ce que je croyais à ce moment-là.

J’avais perdu tous mes repères, je suis passée en mode « survie » pendant des mois, j’ai enclenché le pilote automatique, je me levais, je travaillais, je me couchais, j’essayais de faire bonne figure, de sourire pour mes proches, qui ne savaient plus quoi faire pour moi. J’ai laissé la douleur me figer.

Jusqu’au jour, où une pensée m’a traversé l’esprit avec insistance. Une pensée différente.

« La vie ça ne peut pas être que ça. Ce n’est pas possible, il doit y avoir autre chose. »

La vie ça ne peut pas être que travailler pour un job qu’on n’aime pas, ou peu, être stressée, courir après le temps, payer ses factures, manquer de sommeil, acheter tout et n’importe quoi pour essayer de soulager la douleur, la frustration et le manque qui nous ronge, rêver de nos prochaines vacances, car là seulement on peut respirer et profiter un peu de la vie, de notre vie. Non, ça ne peut pas être que ça. Je ne voyais plus l’intérêt de continuer comme ça. « Il doit y avoir autre chose ».

C’est là que j’ai commencé à lire des livres de développement personnel, regarder des reportages sur des gens qui sont allé à la recherche du bonheur et de ce qui différencie ceux qui sont en pilote automatique de ceux qui vive une vie extraordinaire. Extraordinaire car non conventionnelle.

Petit à petit, j’ai découvert des clefs, des citations qui ont fait écho en moi, des inspirations et surtout j’ai compris que oui, il y avait bien autre chose. Une autre vie possible, celle que l’ON a décidé de vivre. Et qu’au final tout est possible.

J’ai continué encore quelques mois, dans un travail que je détestais, qui était en train de me briser, physiquement je n’en pouvais plus, je le savais et pourtant j’ai ignoré chaque signe que la vie m’a envoyé, chaque indication que le moment était venu pour moi de changer. Jusqu’au jour où l’inflammation qui s’était développée dans l’un de mes pieds s’est aggravée au point où je n’ai pas pu me relever. Je ne pouvais plus marcher. La vie m’a crié STOP. Je ne l’écoutais pas, elle ne m’a pas laissé le choix.

Ce jour-là, j’ai réfléchi, j’ai regardé le chemin parcouru depuis ce fameux lundi matin, j’avais le choix entre m’apitoyer sur mon sort et me laisser couler ou chercher à découvrir ce qu’il y avait derrière ce « Il doit y avoir autre chose ».

J’ai fait mon choix. J’ai démissionné et j’ai pris deux billets d’avion. Il était temps, plus que temps, d’écouter cette petite voix à l’intérieur de mon cœur, qui depuis si longtemps me disait de partir découvrir l’Ouest du Canada et des USA. Je suis partie seule, sac à dos, en roadtrip, alors que la simple idée de conduire seule dans un pays inconnu me donnait des sueurs froides, moi d’ordinaire si organisée, qui planifiait tout dans les moindres détails, je n’ai rien prévu en avance, si ce n’est les billets d’avion et la location du van. Je partais vivre au jour le jour, bien au-delà de ma zone de confort. J’étais terrifiée et pourtant tout sonnait juste. J’était de retour sur mon chemin. J’avais besoin de sortir du cadre que je m’étais construit, j’avais besoin de bousculer l’identité que j’avais façonné, pour découvrir qui se cachait derrière. C’était devenu vital.

Ce voyage a profondément bouleversé le cours de ma vie, j’ai découvert qui j’étais, ma force, mes faiblesses, mes aspirations, j’ai eu un aperçu du pouvoir infini qui sommeille en chacun d’entre nous, j’ai repris goût à la vie, je me suis laissé enivrer par ce sentiment de liberté et par-dessus tout, j’ai appris à m’aimer.

Ces deux mois où j’ai parcouru une petite partie de notre monde n’étaient que le début du véritable voyage que j’entreprenais, un voyage de plus grande envergure, un voyage intérieur, que je sillonne depuis lors.

Ce fameux lundi matin, où j’ai cru que tout mon monde venait de s’écrouler était en fait une porte qui s’ouvrait, un électrochoc, un cadeau de la vie.

J’ai énormément de gratitude pour ce qui s’est passé ce jour-là et la façon dont tout s’est fait. Ma plus grande cicatrice s’est transformée en ma plus grande force.

Je n’ose pas imaginer ma vie si cela n’était pas arrivé et si tout était à recommencer, j’aimerais que tout se passe de la même façon, dans les moindres détails.

Tout ce qui s’est passé dans ma vie jusqu’à maintenant, a participé à façonner la personne que je suis aujourd’hui et je n’échangerais ça pour rien au monde, car si je souhaitais changer ne serait-ce qu’une virgule, j’enlèverais quelque chose à la femme que je suis devenue.

La plus grande douleur de ma vie, s’est transformée en la plus grande gratitude de ma vie ; le jour où j’ai commencé à vivre.

Aujourd’hui, avec le recul, je vois à quel point c’est vrai ; que derrière chaque obstacle, chaque difficulté se cache un cadeau. On ne le voit pas forcément tout de suite, il suffit de le savoir, il suffit d’y croire.

Avoir confiance en moi, avoir confiance en la vie.

 

Marine

 

4 commentaires sur “Comment le pire et meilleur jour de ma vie ne font qu’un

  1. Merci pour cette magnifique étape de ta vie que tu as partagée avec nous. Et surtout merci de me laisser t’accompagner dans ce projet ! Continue et ne laisse personne t’enlever ton sourire !

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