Le temps d’un sourire

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San Francisco, 18 septembre 2017

Après un petit passage à vide, le cœur un peu lourd, un « coup de blues » comme on dit, lors de mon dernier jour au Canada, j’ai hier, simplement en ouvrant mon cœur encore une fois, retrouvé toute mon énergie.

Je suis arrivée à San Francisco hier matin, pas encore vraiment dans mon assiette, et décide après avoir pris le métro de faire une petite pause café/repas et en profiter pour vérifier la direction que je dois prendre. Je m’assieds donc, face à la baie vitrée et dehors, juste en face de moi, il y a un homme d’un certain âge, un SDF comme on dit, avec un petit panneau que je n’arrive juste pas à lire d’où je suis. Il est en train de faire des mots croisés.

Je ressens, en le regardant, un appel du cœur, une volonté d’aller lui parler. J’avais déjà eu ce genre d’élan auparavant, mais je n’avais jamais osé. Vous savez la fameuse peur du regard des gens..

Mais cette fois c’est différent, cette fois je décide de suivre les leçons apprises durant mon périple et d’écouter mon cœur.
Lorsque je me lève et me charge de mes deux sacs, il lève la tête, me voit et me sourit. Je lui souris en retour, sors du café et m’approche de lui. Il engage tout de suite la conversation en me faisant remarquer que mes sacs semblent très lourd, ce qui est effectivement le cas, et la discussion dévie tout naturellement sur mon voyage. Il remarque mon accent et me dit même quelques phrases en français, apprises du temps de ses études.
En discutant je lis ce qui est marqué sur son panneau, il ne demande ni argent, ni nourriture, simplement un sourire.
Je lui offre mon plus beau sourire, il me souhaite un « bon voyage » en français et dans un dernier élan de cœur, je lui offre les 5$ que je destinais au bus. Il me remercie, mais je sais que ce n’était de loin pas le plus important.

Je reprends donc ma route, à pied, sous le soleil de Californie, chargée comme un bœuf, dans les rues de SF, mais le cœur si léger que je ne remarque plus ni la douleur de mon dos, ni la chaleur, ni la fatigue, ni tout le reste.
Je souris, à travers quelques larmes. Je suis touchée tout simplement.

Ce que je remarque par contre c’est le fait d’avoir été si présente pendant ce moment de partage, que je n’ai même pas fait attention au regard des autres. J’ai pris le temps d’offrir un sourire, quelques instant de ce temps si précieux « qu’on a jamais », à un autre être humain, apporter un peu de lumière et recevoir tellement en retour.

Je me demande depuis quand, parler avec quelqu’un, un inconnu, quelle que soit sa condition sociale, est devenu quelque chose que l’on juge, que l’on regarde de travers, que l’on n’ose pas faire, que l’on méprise, que l’on critique. Je suis tellement, tellement heureuse d’avoir suivi mon instinct, une fois de plus.

Certes, je ne le ferais pas forcément à chaque fois, ni avec tout le monde, malgré mon envie d’aider, malgré les pincements au cœur que je ressens quand je croise de la misère, de la douleur.
Je ne le ferais pas si je me sens obligée, forcée, par culpabilité, ou pour avoir bonne conscience, car alors ça n’aurait plus la même valeur, pas la même portée.

Comme hier sur le Waterfront de Vancouver, où j’ai assisté à une scène intéressante. Un jeune, s’arrête vers le couple assis à côté de moi, fait tout un speech sur le fait qu’il a besoin d’argent pour manger. La femme sort généreusement une pomme de son sac et lui tend. Le jeune l’a refuse avec mépris et s’en va, visiblement très énervé. J’admire le geste de la femme et oui ce jeune homme a besoin d’aide, mais certainement pas d’argent.

Tout ça pour dire qu’il faut faire les choses seulement si on le sens et encore une fois suivre son cœur, tout simplement.

Aujourd’hui, je remercie cet homme, placé sur mon chemin, ce moment de partage, cette prise de conscience de m’être enfin libérée du jugement et regard des autres, que leurs réactions, leurs pensées, sont leur problème pas le mien, et pour ce reboost d’énergie, cette sensation de liberté.

Tout ça, en 5 minutes seulement.

 

Marine

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