Costa Rica : Chapitre III
Ce matin, je me réveille naturellement, avant mon réveil, que j’avais mis à 6h30. Moi qui d’habitude est plutôt une lève tard, je redécouvre la beauté et la sérénité de l’aube. Je prends mon cahier avec moi et me dirige sur la plage. La brume recouvre encore une partie de l’océan, envahit par les surfeurs. Sur la plage, seuls quelques chiens se promènent et quelques courageux font leur footing. Je m’assieds face aux vagues et me remet à ma routine préférée, que Margaux m’avait fait découvrir quelques mois auparavant : les Morning pages.
Le concept : juste après le réveil, écrire trois pages, ni plus, ni moins, sans se poser de question, sans réfléchir, juste laisser son stylo courir sur le papier.
Il y a des jours où les trois pages sont difficiles à venir à bout, d’autres où il faut s’arrêter malgré l’envie de continuer.
Le but : se libérer de ce qui nous pèse, ce que notre mental à en « trop », comme une poubelle émotionnelle, afin de commencer sa journée dans les meilleures conditions. Parfois, c’est l’écriture intuitive qui se mettra en place et des compréhensions, des apprentissages, des concepts de vie peuvent apparaître sur le papier. Tout est juste, quel que soit ce qui se manifeste sous notre plume.
Cela me fait un bien fou, et je termine généralement par une page, en plus, de gratitude. Ce qui finit d’emplir mon corps et mon cœur d’une énergie pure et créatrice pour la journée entière.
Après la fracture de mon bras, j’avais arrêté cette pratique un temps et je m’y remets, ici, avec plaisir et motivation. Qu’est-ce que cela m’avait manqué.
Je termine juste à temps pour rejoindre les filles qui se sont installées un peu plus en retrait, à l’ombre, pour la routine que Margaux souhaite nous faire découvrir aujourd’hui.
Ce matin, c’est méditation et écriture intuitive… !
Prendre ce moment, bercées par le bruit des vagues, entourées par l’énergie qui émane de notre groupe, est puissant et tellement bienfaisant. Après ce moment de reconnexion à moi-même, je reprends avec joie mon cahier pour laisser, à nouveau, ma main courir sur les lignes de mon cahier. Pour certaines, c’est une révélation bouleversante. Je suis touchée de voir l’émotion et le calme qui nous entoure. C’est si beau de vivre cela entourée par toutes ces belles âmes.
Puis retour à la villa, pour un nouveau petit-déjeuner délicieux. Les fruits sont frais et remplis de saveurs, que nous ne retrouvons pas chez nous.
Après avoir nourri nos corps, c’est au tour de notre âme.
La réflexion du jour porte sur le concept d’être un joueur/acteur ou spectateur de nos vies. Si on a plutôt tendance à agir ou subir. Encore une fois, c’est notre choix, mais parfois on n’en a pas réellement conscience.
Prendre conscience est toujours le premier pas.
La question transformatrice : « Est-ce que cette attitude te sert ? ».
Est-ce que ce que tu fais apporte les résultats que tu souhaites ?
Les 6 grandes dimensions de vie sont la carrière, les relations, la santé, les finances, les loisirs et la spiritualité. Pour chaque dimension, prendre quelques instants pour se demander si nous sommes plutôt des acteurs ou des spectateurs. Si on agit comme on le souhaiterait et que nous obtenons ce que l’on désire, ou si nous sommes passifs et blâmons les autres, la société, ou tout autre élément extérieur, de ne pas obtenir les résultats que nous voulons.
Être spectateur, blâmer l’extérieur de ce que nous vivons, est certes plus facile, mais nous enlève tout pouvoir créateur. C’est en reprenant la responsabilité de notre propre vie, de nos choix et de nos actions, que nous pouvons réellement créer la vie à laquelle nous aspirons.
Après ce moment de réflexion et d’éclairage sur nos propres schémas, nos comportements, nous faisons un autre exercice puissant de connexion à l’autre.
Une chose que nous faisons rarement. Se regarder dans les yeux. Vraiment se regarder. On a tous entendu que les yeux sont le miroir de l’âme, mais si on est vraiment honnête, qui de nous regarde vraiment les personnes qui nous entourent droit dans les yeux, avec bienveillance ? On a plutôt tendance à détourner le regard, lorsqu’on croise les yeux de quelqu’un d’autre, non ? C’est flippant, je le conçois, mais tellement beau à vivre.
Nous avons comme mission, deux par deux, pendant 4 minutes de se regarder droit dans les yeux. Sans parler, sans chercher à se cacher. On se sent mis à nu, à découvert. Au début, c’est difficile, inconfortable, on rit un peu, mal à l’aise, puis les unes après les autres, chacune à notre rythme, un déclic s’opère. Un lâcher prise, une confiance dans notre vulnérabilité, une connexion à l’autre, une communication sans mot, un partage d’amour et de lumière. C’est si beau et si puissant, que je vous recommande à tous de l’expérimenter. De nombreuses personnes, en relation depuis des années, que ce soit amical, familial, ou sentimental n’expérimenteront jamais ce niveau d’intimité.
C’est si simple et pourtant si transformateur. C’est permettre à nos âmes de communiquer.
Dépasser sa peur et sortir de sa zone de confort n’offrent que de magnifiques expériences.
Allez, on s’y met !
Après le délicieux lunch léger et frais que Paola nous cuisine pour midi, nous avons un nouveau stretch à réaliser : Parler à un inconnu et ramener un beau souvenir de partage.
Encore quelque chose que j’ai du mal à faire, généralement je me laisse plutôt approcher et suis ouverte à la discussion, mais ce n’est jamais moi qui vais chercher le partage, à part de rares exceptions.
Nous avons jusqu’à ce soir pour le réaliser. Je passe l’après-midi, avec Margaux ; c’est mission maillot de bain. Paola nous fait profiter de sa voiture pour remonter un peu la longue rue, qui longe la plage de Santa Teresa, la chaleur étant trop forte pour qu’on marche aussi loin. Les petites boutiques sont charmantes, l’ambiance générale respire les vacances et les tropiques. Je m’y sens tellement bien. On finit par trouver notre bonheur et Paola nous accompagne même un moment. C’est une femme adorable, magnifique, remplie de douceur et de bienveillance. Elle le dit d’ailleurs, elle ne nous fait pas la cuisine, elle prend soin de nous à travers la nourriture. C’est comme une maman, qui veille sur nous. Margaux a repéré une robe qui lui plaisait et qu’elle s’est refusée, nous déciderons quelques jours plus tard de la lui offrir comme remerciement pour tous les bons soins et attentions dont elle nous a entouré.
Retour ensuite à la villa, pour un cours de Hatha yoga, dans un cadre idyllique. Nous sommes accompagnées par des iguanes qui se baladent aux alentours et bercées par le bruit du vent dans les arbres.
Prendre soin de son corps, de son esprit et de son âme. Ça fait du bien.
Après le cours, il est juste temps de retourner sur la plage, pour bénéficier du sublime coucher de soleil, en compagnie des petits bernard-l’hermite qui pullulent dans le sable. Ils sont adorables.
C’est en observant les gens se rassembler face à l’océan, pour assister à ce spectacle à couper le souffle, que je repère un homme assis seul. Il est temps de faire mon stretch et mon intuition me guide vers lui. Je me lève et m’avance avec confiance dans sa direction. En arrivant à quelques mètres de lui, il lève la tête et me sourit, je lui demande si je peux m’asseoir à côté de lui, ce à quoi il répond un « bien sûr ».
Cette conversation restera gravée dans mon cœur, comme un magnifique souvenir. Nous avons parlé de nos vies, de nos aspirations, de développement personnel, de spiritualité, de voyages, de lâcher prise, de l’instant présent… je parlais anglais comme jamais, le « flow » guidant mes mots, soutenant ce moment hors du temps, jusqu’à la disparition complète du soleil à l’horizon.
La leçon que j’en retire : s’ouvrir aux autres, se connecter, sans arrière-pensée, juste pour le plaisir de partager un instant de nos chemins respectifs est vraiment beau et cela peut mener à de très belles rencontres. Laisser tomber les aprioris, les peurs, les barrières que nous érigeons autour de nous, entre nous et les autres, est purement magique.
Toujours le même but finalement : se reconnecter. Nous vivons dans un monde paradoxal, si connecté sur nos téléphones, sur les réseaux sociaux et pourtant si déconnecté de la « vraie » vie.
Se connecter vraiment, de cœur à cœur, d’âme à âme, de personne à personne. Sans intermédiaire.
Je ressors de cette expérience grandie, avec le sentiment de voler. Je me sens légère, remplie de gratitude, très fière de moi, fière d’avoir osé dépasser ma peur, une fois de plus et ma confiance en moi renforcée.
Le soir, nous partageons un autre moment magique avec les filles : une soirée mantras.
Des chants répétitifs, qui nous suivront le reste du voyage, puissants, réparateurs et si beaux. Nos voix ne font plus qu’une, la connexion entre nous se renforce encore, je sens des frissons parcourir mon corps, traversé par l’énergie que cela libère en nous et autour de nous.
Marine