
Après la danse, c’est le théâtre.
Ou comment se libérer par la voix et l’expression corporelle.
Aujourd’hui, j’ai tout lâché. Ou du moins beaucoup plus que par le passé. J’ai toujours eu tendance à tout garder pour moi, pour ne surtout pas faire de vague.
J’ai appris à contrôler ce que je ressentais, pas forcément consciemment, mais pour ne surtout pas faire de remous. Passer inaperçu. Ne pas déranger. Ne pas choquer. Ne pas être différente. Se fondre dans la masse. Voilà ce que je me suis employée à faire depuis longtemps.
Jusqu’à en perdre mon identité, celle que je suis vraiment au fond de moi.
Jusqu’à en oublier cette part un peu (ou complètement) folle, cette part sauvage, libre et rebelle, qui parfois s’est exprimée de façon destructrice pour moi.
S’exprimer, exprimer ce qu’on ressent est non seulement vital pour notre bien-être, mais est surtout extrêmement libérateur. Ça fait un bien fou. Dans une société ou on doit garder le contrôle, ou les émotions sont mal vues, on garde, on garde, on retient, jusqu’au jour où notre corps n’en peut plus et tombe malade. Pour avoir travaillé depuis 6 ans dans le domaine médical, à chaque fois j’ai entendu la même histoire de personnes avec des maladies graves. À chaque fois une épreuve, à chaque fois des parcours de vie difficiles, à chaque fois des choses qui n’ont pas été dite, des émotions refoulées.
Ce qu’on ne laisse pas ressortir, reste par définition à l’intérieur et fais des dégâts. Je l’ai vu sur les autres, je l’ai vu sur moi.
Aujourd’hui, j’ai envie de me reconnecter à celle que je suis vraiment, je la découvre petit à petit, j’apprends à l’aimer et à l’accepter. J’apprends à faire fi du regard des autres.
J’ai commencé le théâtre il y a quelques mois et la différence entre le premier jour et aujourd’hui est incroyable. Par la douceur, la bienveillance, la gentillesse et le professionnalisme de ma prof géniale, sur qui j’étais tombée « par hasard », Eve Savelli, j’ai réussi, par ce chemin, à laisser petit à petit sortir ma voix. Chaque fois un peu plus. Me reconnecter à mes émotions, celles que je refoule habituellement, celle que je m’interdis de vivre ; la colère notamment. Les accepter, les laisser s’exprimer, leur donner une voix pour une fois. Ça fait un bien fou, ça me libère, ça me soigne et ça me fait sortir petit à petit de cette carapace dans laquelle je m’étais enfermée.
Aujourd’hui, le temps on ne l’a pas vu passer. J’étais libre, j’étais moi et je me sentais bien. Merveilleusement bien.
Cette petite voix qui me disait depuis longtemps, très longtemps de faire du théâtre avait raison. Cette petite voix qui me disait de danser avait raison. Car cette petite voix sait ce dont on a besoin. Elle sait ce dont notre corps a besoin. Pour s’exprimer, pour lâcher, pour se libérer et s’épanouir.
Quelle que soit ce que votre petite voix vous souffle, depuis peut-être longtemps, écoutez-la.
Marine