
Un appel du cœur. Voilà comment ça a commencé. Un ras le bol aussi, un trop plein de tension, un besoin de faire le point, d’évacuer et de me retrouver. Quand cet appel se fait ressentir, j’ai toujours la même solution, partir seule, dans la nature, sortir de ma zone de confort, de mes habitudes.
Cette fois, ça a été un peu différent que d’autres voyages que j’ai pu faire. Une image très précise dans ma tête s’était formée. Je voulais aller camper au beau milieu de nulle part. Deux jours, avec moi-même.
Après avoir demandé les conseils d’un ami randonneur chevronné, j’ai suivi ses conseils et trouvé l’endroit qu’il me fallait. Un petit lac de montagne, perdu au milieu de nulle part. Comme à mes habitudes, je me renseigne que très vaguement, vérifie qu’il est autorisé de camper et pour le reste ce sera au feeling. J’ai une semaine de battement entre le travail que je viens de terminer et mon nouvel emploi; je partirais deux jours, quand bon me semblera, sans me stresser, sans pression, sans prise de tête.
Je ne m’attendais pas à ça. Le matin, un peu stressée, car au final je pars quand même seule au beau milieu de nulle part et même si cela devient une habitude, ça reste pour moi une sortie de zone de confort. J’adore le faire, ça me fait du bien, ça me fait évoluer, mais ça me fait un peu peur aussi, il faut se l’avouer. Et je suis de loin pas une randonneuse avertie, qu’on se le dise.
Mon sac, je le fais aussi léger que possible, mais entre l’eau, la tente, quelques habits chauds, de quoi manger, il pèse quand même près de 14 kilos. Un sacré poids pour moi, mais bizarrement ça ne me fait pas peur.
La rando…un endroit magnifique, des pics rocheux, des falaises, des arbres, des rivières, des ruisseaux, des cascades…un sentier hyper raide. Tout le long. Des pierres, des rochers à escalader, enjamber, des cloques qui se forment rapidement et la douleur qui m’accompagne. J’ai oublié de prendre des pansements. Erreur de débutante, que je vais payer cher.
Toutes les dix minutes, je dois faire une micro-pause, le temps de retrouver un souffle et une cohérence cardiaque relativement harmonieuse, je mets trois heures pour arriver sur le plateau, où se trouve le refuge. Enfin un peu de « plat », qui durera trente minutes. Mon dos me fait souffrir, mes jambes aussi, je peine à retrouver mon souffle (je vous ai dit que je ne faisais que rarement du sport ?) et j’ai l’impression qu’on me scalpe les talons à chaque fois que je pose un pied par terre.
Le brouillard enserre les montagnes qui surplombent la vallée, ce qui fait que je ne vois pas tout de suite le sentier qui poursuit vers le lac. Car non, une fois arrivée au refuge, ma randonnée ne s’arrête pas là. Moi, j’avais prévu d’aller dormir au bord du lac. J’hésite, car j’en peux plus et j’ai l’impression d’être arrivée au bout de mes forces. Je pourrais très bien planter ma tente, n’importe où dans la vallée, près de la rivière, en bordure de forêt. Les coins charmants ne manquent pas. J’hésite vraiment. Et au fond qui m’en voudra ? « Toi ! » me répond cette petite voix dans ma tête. Et c’est vrai. Je pourrais abandonner, où même finir la randonnée le lendemain, mais ce n’était pas mon plan. Mon objectif était d’aller jusqu’au lac et je sais que c’est important que j’aille au bout.
Je prends mon courage à deux mains, ignore la douleur qui me lancent dans les pieds et m’approche du sentier qui durera encore une heure, selon les panneaux indicateurs. Un sentier encore plus raide que ce que je viens de parcourir. Tellement raide que ça en devient presque de l’escalade et j’ai peur de glisser. A chaque pas, j’ai envie d’abandonner, de m’arrêter là, de redescendre, mais cette même voix, celle qui provient de ma force me pousse toujours à continuer. Elle m’encourage. Elle me dit de ne pas baisser les bras. Cette voix, ce mental, qui passé un certain moment, surpasse la douleur et fais pousser des ailes.
Je l’ai gravi cette montagne et je suis arrivée au lac. J’ai repoussé les limites de mon corps plus loin que jamais, peut-être que pour certain cela aurait été un jeu d’enfant, pour moi, c’était un exploit. En arrivant au sommet, j’avais la tête qui tournait, une envie de vomir, les jambes qui tremblaient et pourtant je souriais. Je l’avais fait. J’avais réussi, alors que je n’avais qu’une envie c’était d’abandonner. Mais c’était sans compter ce mental d’acier, qui ne me laissera jamais tomber. Qui est plus fort que la douleur. C’était pour ça que j’étais venue. Pour me reconnecter à cette force intérieure, que j’ai parfois tendance à oublier.
Me rappeler que pour gravir n’importe quelle montagne, où réaliser n’importe quel projet, quel que soit notre objectif, on n’y arrive pas après pas, échelon après échelon, difficultés après difficultés. Que parfois on a envie d’abandonner, que parfois une autre alternative nous semble « pas plus mal après tout ». Mais que si on dépasse nos limites, qu’on dépasse nos peurs et nos doutes, qu’on a confiance en nous et qu’on fait confiance dans cette petite voix, qui nous dit que oui on peut y arriver, tout est possible. Car au final, notre seule limite, c’est nous-même.
Me rappeler aussi que c’est le chemin le plus important. C’est lui qui nous façonne et nous fait évoluer. La ligne d’arrivée, c’est le cadeau, la récompense, la cerise sur le gâteau.
Arrivée au lac, je plante ma tente, avant de me poser, dans un ultime effort, car je sais que sinon je ne me relèverais pas. Puis je dévore mon sandwich et les barres de céréales, avant de me coucher et de m’endormir une petite heure. Il fait encore jour quand je me réveille et j’en profite pour lire un peu.
Une nuit sous les étoiles comme récompense. C’est magique. Un peu flippant. Je me réveille à trois heures du mat’, transie de froid, malgré mes 4 couches de vêtements et regarde dehors. Le brouillard est descendu sur le lac, je me trouve juste au-dessus, dans une sorte de semi-brume, qui me laisse entrevoir les contours des montagnes et je vois clairement la multitude d’étoiles dans le ciel. C’est magique, presque mystique comme ambiance.
Je prends conscience réellement d’où je suis, je me dis que je suis un peu folle et je me recouche, espérant me rendormir. Je somnole plus qu’autre chose, mon cerveau restant dans un état de vigilance, « au cas où ». Puis finalement j’abandonne et je regarde le soleil se lever sur les pics environnants. Je profite un moment du spectacle et de ce calme profond. Ça me ressource, ça me recharge. Puis je pense au retour et au fait qu’il va falloir que je remette mes chaussures, alors que mes talons sont littéralement à vif. Mais je n’ai pas le choix, il faut bien que je redescende.
Je fais appel à cette même force, qui m’a poussée jusqu’en haut la veille et je lève le camp.
En descendant, j’ai une vue imprenable sur la vallée où se trouve le refuge, qui m’avait été cachée hier par les nuages. Je prends pleinement conscience de l’exploit que j’ai fait la veille et tout le long de la descente, je me demande littéralement comment j’ai pu monter jusque-là. La descente n’est pas une mince affaire non plus, je mets moins de temps que pour monter, mais mes genoux encaissent beaucoup, surtout avec le poids de mon sac. Je m’arrête un moment au bord de la rivière, pour me reposer et profiter de la beauté de cette nature si riche.
Je suis extrêmement fière de moi et cette petite aventure aura rechargé mes batteries.
Marine
Bravo !!! Et grand merci pour ce post vraiment très inspirant… 😊 🙇
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Merci à vous 😊
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